(5) 25/06/2022 – LONDRES, Hyde Park 1.

Le concert complet :



00:00:00 Intro by The Glimmer Stone
00:05:47 Charlie tribute/Street Fighting Man
00:11:02 19th Nervous Breakdown
00:15:36 Tumbling Dice
00:20:53 Out of Time
00:27:34 She´s a rainbow
00:31:31 You Can't Always Get What You Want
00:40:23 Living in a Ghost Town
00:46:35 Can´t you hear me knocking?
00:52:16 Honky tonk women
00:57:06 Band intro
01:01:24 Slipping away (Keith Richards on lead vocals)
01:07:43 Connection (Keith Richards on lead vocals)
01:11:09 Miss You
01:20:44 Midnight Rambler
01:33:13 Paint it black
01:38:34 Start me up
01:43:14 Gimme Shelter
01:50:36 Jumpin' Jack Flash
01:58:06 Sympathy for the devil
02:05:19 (I Can't Get No) Satisfaction
02:14:29 Outro by The Glimmer Stone

Londres, Hyde Park, 25/07.


La nuit fut courte.
L’enjeu était de taille.
La der des ders, aux dires de certains (n’enterrons pas déjà le silex pour autant).

Tirant partie d’un cosmos favorable et d’une aube bienveillante, esquivant avec soulagement la paralysie nationale de transports frappant l’Albion depuis quelques jours, me voilà à 10h30 un samedi matin, aux portes d’une utopie, d’un rêve.

Le Circus à Hyde Park.

Une symbolique lourde de sens.
Et pourtant, jusqu’aux derniers instants : l’hésitation.
Le prix outrageusement élevé de la chose.
La répétition vaine et circulaire d’un même concert, avec, cette fois-ci, une absence de taille à déplorer.

Puis, les images de Madrid, et un titre miraculeusement sauvé des oubliettes de notre Histoire.
Oui, un titre et un seul, a suffi à me convaincre, à trois semaines de la date londonienne.

Je passe à la caisse, allegé de 300 balles, priant Saint Brian qu’'Out Of Time', puisqu’il faut le nommer, ne se trouve pas malencontreusement rangé aux côtés de torchons discographiques qu’il surplombe de ses ailes de géant.
Avouons le, cela ne tenait qu’à un fil.
(Et à ce tarif là, concédons qu’il aurait été très embarassant de récolter un 'Sad Sad Sad' à sa place).

Le rituel habituel peut débuter.
L’attente, cette fois-ci amusée et bon enfant.
Il y a des têtes connues, des couvres chefs qu’un Gustave Flaubert aurait pris plaisir à qualifier, et aussi quelques nuages dès la mi-journée, donnant à ce Hyde Park une couleur que ses deux prédecesseurs n’avaient pas eu.
Un ton crépusculaire, entre chien et loup.

14:10, chariots de feu, course de fond, qui se termine sur une victoire par front row, côté Wood («the Woods from the trees! »)
Totalement inédit pour votre serviteur.
En faveur d’une fin épique, si c’était bien la fin.

Le menu fretin s’en tire avec les honneurs, surtout Vista Kicks (imparable Soul et groupe de choristes hors pairs) et The War On Drugs, déployant sur scène une force de frappe qu’un Guy Chadwick ou Springsteen période U.S.A n’aurait certainement pas renié.
(Et puis, le chanteur cite Desolation Row, alors…).

C’est déjà l’heure.
Malgré l’attente et la fatigue.

20:10. Soutenus par l’emblématique Great Oak, les écrans crachent un beat Wattsien 90’s (You Got Me Rocking ?).
Un gigantesque gentleman se matérialise sous les hurlements collectifs, faisant acte d’une émotion authentique qui habitera une grande partie du show.

Street Fighting Man, et en quelques secondes, la tendance se dessine.
Le velours et le cuir, le dandy et le bluesman.
Ce soir, Keith Richards, d’une élégance vestimentaire devenue rare pour sa personne, sera solidement en phase avec son jumeau, et musicalement bien présent.
Ron Wood sera plus expérimental que jamais.
Et ce soir, Mick Jagger sera exceptionnel.
Il faut dire que l’entrée en matière, miraculeusement débarassée d’un ignoble IORR qui devenait absurde, frappe juste au détour d’un Nervous Breakdown euphorisant que Jagger emmène d’emblée vers des rivages d’expressivité surprenants (les forumeurs présents aux prochains shows pourront savourer l’emphase vocale sur ‘disarranging mine’).

Un immuable Tumbling Dice roule sur le park, fatiguant les plus anciens, réveillant quelques autres, pour déboucher sur un hommage sobre à un gentleman batteur, né à quelques encâblures d’ici.

Sans transition, première offrande de la soirée, et cet ‘Out of Time’ tombé du ciel.
Ce qu’il fallait à Londres pour s’éveiller du songe d’Adonais, et à Mick pour accéder, l’espace d’un instant, à une version altérée du chanteur de 2022.

Là, sous les arbres, se meut une apparition, un singulier écho au dandy provocateur d’Aftermath, vêtu de neige et d’argent, affichant le sourire d’un homme qui a troqué le culte du prodige jeuniste contre la malice à toute épreuve et la simple justesse d’un instant.

Il nous sourit, s’amusant à entraîner toute une foule sur un refrain devenu, presque par accident, le miroir d’une vie démesurée passée sur scène. Derrière, les choristes habillent subtilement le titre, et les frères d’armes jouent en formation resserrée, menés par un Steve Jordan transcendant ce titre au cachet Motown de sa frappe nette et puissante, propulsant la reprise finale droit vers l’apogée d’un concert d’ores et déjà inhabituel.

Aftermath, au même titre qu’Exile, est une oeuvre inusable.
La première décennie du groupe règne sur cette première moitié de show.

Un She’s A Rainbow un peu hâtif s’ensuit, donnant au maître chanteur l’occasion de ceindre sa légendaire Hummingbird pour croiser le fer avec Ron Wood, qui connaîtra au dobro, un véritable instant de grâce (ils furent assez rares de ce côté là du front).

Certains évoquent l’apparition d’un arc en ciel juste au dessus de la scène peu après ce titre, c’est bien possible, nous pourrions raisonnablement espérer des recueils de poésie inspirés de cet instant dans le futur.
Dans la même veine, Mick Jagger, adossé au vieux chêne sur « Can’t Always Get… » fut un pastiche spontanément génial de l’Arcadien inassouvi dans ses passions.
La foule hurle « CHERRY RED », pour mon plus grand plaisir.

Mais, serait-ce possible ?
Les ténèbres reprennent le dessus, le temps d’un épouvantable Ghost Town, ersatz épuisé de rock 90's façon Bridges remixant Out of Control et Miss You dans un starter pack digne d’un menu Big Mac éprouvé en pleine canicule francophone.

Violenté par pareille baisse de régime, et comme si j’avais oublié qu’avec ce groupe, il faut parfois remuer le fumier pour trouver son or, je passe du caniveau au Septième Ciel lorsque l’impensable se produit (de nouveau).

Paroles du Jag : « It’s finally getting dark out there ».

Keith avance sur un catwalk face au crépuscule naissant, et lâche alors l’un de ses maîtres riffs : « Can’t You Hear Me Knocking ».

Rugissements de bonheur dans l’axe barrière Est, et démarre alors une version sous speed d’un troisième trésor discographique inespéré, preuve que les Stones peuvent et savent encore surprendre.
Nous n’oublierons pas non plus la partie jazzy expédiée plus rapidement qu’une campagne de législative, et le tone Santana-as-fuck de Ron Wood sur son solo déglingué.
L’ensemble a toutefois un charme irrésistible, et lorsque Mick et Keith s’étreignent à la fin du titre, l’épiphanie est atteinte.

L’accélération traditionelle de la cadence après Honky Tonk Woman ramène le show vers des standards plus convenus,
il faut toutefois saluer le set de Keith, qui fut ce soir, magistral, avec un Slipping Away revitalisé (est-ce la frappe de Jordan?),
particulièrement juste et mesuré dans son émotion ce soir,
puis une version puissante et harmonique de Connection ou le maestro riffe à tout va,
clamant toujours haut et fort son indignation face à l’ère du soupçon et des contrôles aéroportuaires.

Il s’éclipse quasiment sur la moitié de Miss You, revient au moment du Bridge, couvert d’un chapeau impressionnant.

Le frisson de Midnight Rambler s’est désormais estompé, le morceau m’a semblé perdu, haché, trop décomposé et sans trame, malgré une remontée finale réussie.
Paint It Black peine à atteindre les sommets de 2017 malgré une foule enthousiaste, et Start Me Up accompagne un bouclage naturellement amené, mais en deça des sommets connus dans la première heure de show.

Noter toutefois la remontée bienvenue de Gimme Shelter dans une version tranchante, dominée par un Jagger habité et une foule réceptive.

Du reste, des sourires, des images amusantes, là à quelques mètres, Keith, déjà en RTT sur Jumping Jack Flash, riffe à l’envers sur le dernier tiers du morceau, harangué par un Mick à la veste tournoyant en l’air, revisitant le gimmick scénique du toréador et de sa proie en bout de course.

Le manteau du dernier Paris 2017 refait son apparition alors que Jagger revient seul pour l’amorce de Sympathy en premier rappel.

Les projections visuelles donnent lieu à une surenchère dispensable de flammes qui ne vient pour autant pas étouffer la performance honnête d’un chef d’oeuvre judicieusement poussé vers la fin du show.

Une pluie légère marque la fin de Satisfaction, et lorsque les deux songwriters s’étreignent en se souriant, pour la seconde fois de cette soirée, une photo déjà virale est capturée.
Les au revoir sont brefs, il leur reste une date dans cette ville monde qui les a vu naître.
Lentement, le retour au calme, des cigarettes s’allument, les âmes déambulent gaiement d’Hyde Park Corner jusqu’à Knighsbridge, en quête d’un Uber, d’un métro, d’un kebab.

Je regagne Earl’s Court, ému et habité par un moment troublant à quelques mètres d’une singularité collective qui a désormais pris acte de sa mortalité, et par cette première moitié de show presque irréaliste, dédiée aux absents.
Pour, peu à peu, tenter de revenir à ce semblant de cohérence hideusement appellé normalité.

A l’éveil après « le songe de la vie ».

« Peace, peace … »

Je vous souhaite à tous une merveilleuse tournée !

Merci pour ces belles rewiew .

pour ce récit plus que captivant....

merci ,on s'y croirait !journaliste ?

GoodbyeRubyTuesday a écrit:

Londres, Hyde Park, 25/07.

Belle anticipation pour ton compte rendu GRT deux jours après Paris ils avaient l'air en forme !!!

Blague à part : Très beau compte rendu que je me suis permis de partager avec des amis.

Excellent.
J'ai revécu la soirée en te lisant!
Merci

merci genial

GoodbyeRubyTuesday a écrit:

Londres, Hyde Park, 25/07.


Street Fighting Man, et en quelques secondes, la tendance se dessine. Le velours et le cuir, le dandy et le bluesman. Ce soir, Keith Richards, d’une élégance vestimentaire devenue rare pour sa personne, sera solidement en phase avec son jumeau, et musicalement bien présent. Ron Wood sera plus expérimental que jamais. Et ce soir, Mick Jagger sera exceptionnel.

L’accélération traditionelle de la cadence après Honky Tonk Woman ramène le show vers des standards plus convenus, il faut toutefois saluer le set de Keith, qui fut ce soir, magistral, avec un Slipping Away revitalisé !

Un feu d'artifice cette chronique ! avec quelques artifices de propos et de style, juste un peu ou beaucoup,  alors creusons..

L'élégance vestimentaire de Keith, oui il était au dessous de tout ces dernières années, chemises vertes criardes , les bandanas, dans ses moments les plus élégants. Mais là,  il avait remis la chemise qu'il portait  sur les séances photo d'Aftermath , pochette Decca?Juste pour jouer Out of time?

Ron Wood plus expérimental que jamais?  Approximatif oui, mais EXPÉRIMENTAL? Vous développez jeune homme, demanderait l'examinateur de Normale Sup.  Silence, j'attends.

Et qui est le dandy ( Mick ou Keith ?), je veux bien croire que Woody est le bluesman ( je hurle de rire)?

Slipping away revitalisé? Mais ce morceau était dévitalisé, comme mes dents et celles de Keith dès le départ !

Précisions malvenues, tu peux penser. Mais  indispensables pour prétendre entrer dans la collection "La pléiade " de Gallimard, connue pour son appareil critique. Encore un effort, nous y sommes presque.

Une autre piste vidéo



Street Fighting Man/19th Nervous Breakdown/Tumbling Dice/Out Of Time/
She’s A Rainbow/You Can’t Always Get What You Want/Living In A Ghost
Town/Can’t You Hear Me Knocking/Honky Tonk Women/Band Introduction/
Slipping Away/Connection/Miss You/Midnight Rambler/Paint It Black/Start Me
Up/Gimme Shelter/Jumpin’ Jack Flash/Sympathy For The Devil/Satisfaction

J'ai eu la joie de faire ce HP1 en Diamond Pit, ras de la scène, enfin au début, parce que très vite, une fois l'excitation retombée suite à mon accrochage à la barrière, on constate que la dite scène est beaucoup plus haute qu'ailleurs. Mais alors beaucoup.
Impossible de voir la batterie, ni bien sûr rien du Ron side, ni Ron ni choristes ni Chuck ni rien.
Donc, léger glissement vers l'arrière, disons à 1/3 du cat walk, et cette fois deuxième rang, la barrière étant déjà squattée depuis trop longtemps. Mais excellente position.
En très court : un excellent show, Mick, très souvent devant moi (oui oui les autres il ne les a pas vus !) était tout sourire, tout joyeux. C'est définitivement sa place à cet homme, sur scène devant un public certes conquis.

Une troisième version en vidéo....

Image et son excellente qualité.



Street Fighting Man
19th Nervous Breakdown
Tumbling Dice
Out Of Time
She's A Rainbow
You Can't Always Get What You Want
Ghost Town
Can't You Hear Me Knocking
Honky Tonk Women
--- Band introductions
Slipping Away (Keith)
Connection (Keith)
Miss You
Midnight Rambler
Paint It Black
Start Me Up
Gimme Shelter
Jumping Jack Flash
--- Band off stage
Sympathy For The Devil
Satisfaction

 

GoodbyeRubyTuesday a écrit:

Je regagne Earl’s Court

Tu as embrassé le sol j'espère !
merci

Le concert complet en audio....

Bon son.

Si vous souhaitez occulter l'introduction....c'est à 06.10.




01 Introduction  
02 Street Fighting Man
03 19th Nervous Breakdown  
04 Tumbling Dice  
05 Out Of Time  
06 She's A Rainbow
07 YCAGWYW  
08 Ghost Town  
09 Can't You Hear Me Knocking  
10 Honky Tonk Women
11 Band Intros
12 Slipping Away
13 Connection
14 Miss You
15 Midnight Rambler
16 Paint It Black
17 Start Me Up
18 Gimme Shelter
19 Jumpin' Jack flash
20 Sympathy For The Devil
21 Satisfaction