il y a deux jours j’ai lu que Jacob avait été admis en réanimation.
J’étais inquiet et j’ai beaucoup pensé à lui.
Ce matin j’ai appris qu’il s’en était allé.
Et zut alors…qu’est ce que ça me rend triste.
J’ai eu l’immense bonheur et surtout honneur de travailler quelques temps avec lui et Kassav’.
3 ans.
D’une expérience unique, savoureuse et tellement formatrice pour moi.
C’était à l’époque de leur éclosion sur un « marché plus large », lorsqu’ils ont quitté les disques Debs, pour signer chez CBS.
J’avais découvert un être attachant, fidèle, droit, drôle.
Avec sa grosse voix et son son sens de l’humour, vigilant, il t’amenait souvent à partager ou à réfléchir à son point de vue puriste et intègre sur la musique qu’il défendait.
Le Zouk.
Dont il ne voulait pas qu’il vende son âme.
Je me souviens par exemple de ce jour où il avait expliqué au staf artistique de la boîte, tout excité de lui faire écouter un remix réalisé a NY par une « star des remixes », que le type était peut être une star des remixes mais qu’il n’avait rien compris au groove du zouk.
C’était un pilier.
Un sacré bonhomme.
Un formidable musicien et compositeur.
Et un être tellement attachant.
Un emblème pour le coin du monde dont il etait originaire et devenu porte drapeau.
Il se battait avec force et conviction contre les clichés doudouistes qui accompagnaient la perception du zouk dans l’hexagone et trouvait aux quatre coins du monde où le groupe se produisait ou dans les paroles bienveillantes que Miles Davis avait eu a leur égard, la reconnaissance qui n’était pas encore la leur en France.
Pas encore…puisque pour finir, le groupe a été le premier groupe français à remplir le stade de France.
Des anecdotes j’en ai quelques unes.
Savoureuses et pleines de vies.
Parce qu’accompagner ce groupe a été un genre d’anecdote géante dans ma vie.
Une chance absolue.
Celle que je retiens ce matin, c’est celle de ce jour où pour une dédicace à la Fnac au forum des halles, j’ai fait Pont de Neuilly / Les Halles en métro avec lui.
J’ai vraiment pu mesurer ce jour là ce que c’était Kassav’ pour toute une population, un peuple.
Il avait été interpellé tout au long de ce petit trip qui du coup avait duré carrément plus longtemps que prévu.
Il prenait le temps d’échanger deux mot, souvent en créole, avec l’un ou l’autre. Il rencontrait des gens qui connaissaient sa famille ou dont il connaissait un cousin, un oncle.
Des îliens.
Je me suis rendu compte ce jour là, à quel point ce groupe et ses membres étaient des portes paroles et ce qu’ils représentaient pour ce coin du monde, si riche de cultures et de mélanges.
Une anecdote parmi tellement d’autres…
Depuis, je suis toujours resté très attaché à eux, attentif à ce qu’ils faisaient, avec une tendresse définitive.
Chacun de nous, qui avons bossé un jour « dans la musique », avons des histoires plus fortes ou importantes avec l’un ou l’autre musicien ou groupe dont nous avons partagé succès ou galères.
Celle que j’ai vécu avec Kassav’ a été merveilleusement grande pour moi.
Elle restera vivante.
Zut….Jacob Desvarieux s’en est allé.
Immense bonhomme.
Et j’ai vraiment du mal à réaliser.